Mot-clé - critique
25
sept.
2014
Je viens de rédiger un article en deux parties sur le webzine de mon association Multi-Prises où je fais état de la condition d'artiste plasticien en France.
Précarité, magouilles, administration tordue et perdue, sont au coeur du quotidien d'un artiste plasticien. C'est ce vécu que j'ai tenté de décrire dans cette première partie (une seconde proposant des perspectives pour l'avenir arrivera d'ici quelques jours) où je tente d'apporter un éclairage pour ceux qui en savent pas ce qu'est être artiste plasticien en France. Pour ceux qui vivent, comme moi, ce quotidien, ce peut être aussi l'occasion de partager une expérience que je pense commune.
Les deux parties des articles sur Multi-Prises : Etre artiste en France - Partie 1 : Et toi tu fais quoi ? - Etre artiste en France - Partie 2 : Qu'est-ce que tu veux faire plus tard ?
« Et toi, tu fais quoi ? »
Question piège, à laquelle
j'ai toujours beaucoup de mal à répondre. Alors je déroule mon rituel :
un petit silence de quelques secondes, une lente respiration, un sourire
forcé, puis je réponds « alors moi c'est compliqué... »
Pourquoi
est-ce si compliqué d'avouer que l'on est artiste ? Pourquoi me
sentirais-je gêné d'avouer ma véritable profession, puisqu'après tout
j'ai les diplômes, le numéro de SIRET, j'ai tous les papiers qui
prouvent légalement que je suis artiste plasticien, enregistré à la
Maison des Artistes. En vérité ce malaise en cache un bien plus
profond : la profession d'artiste plasticien n'existe pas vraiment en
France.
Lorsqu'on choisit une filière artistique après le lycée,
on est prévenu dès le départ « oulalaaaaa » nous disent les conseillers
d'orientation, « oulalaaaa » nous disent nos parents, « oulalaaaa » nous
dit la société en général.
Oulalaaa parce que cette filière ne rentre dans aucune case, les conseillers ne savent pas quels documents nous donner pour nous aider à se vendre sur le marché du travail, les parents s'inquiètent de notre avenir, et c'est clairement un problème qui va se poser pour trouver sa place dans la société.
Pourtant j'ai choisi le chemin le plus sûr en choisissant une école
publique : un Master en poche et mes papiers d'affiliation à la maison
des artistes validés, me voilà totalement en règle pour faire valoir mon
métier d'artiste plasticien.
Et c'est là que les problèmes commencent..
Lire la suite sur le site...
30
août
2013

Une critique du film Jeune et Jolie, un film de François Ozon actuellement à l'affiche à lire sur multi-prises.fr.
Ce film a beaucoup fait parler de lui car il parle d'un sujet un peu
tabou : la prostitution d'une adolescente. La critique a été assez
contrastée, certains jugeant le film trop voyeuriste ou carrément
pornographique (comme le Nouvel Obs entre autres), d'autres affichant tout le contraire en présentant le film comme étant subtil et intelligent (comme Télérama par exemple).
Personnellement,
j'ai plus été du second avis tant le film ne donne, à aucun moment, de
leçons ni d'explications sur le choix de cette adolescente.
[...]
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12
nov.
2012
Une chronique cinéma pour traiter d'un film actuellement au cinéma, le nouveau James Bond : Skyfall.

Un flingue, des femmes, des voitures, un Bond
et une légère dose de testostérone
Avant de parler de ce 23ème opus, je voudrais revenir sur le nouveau cycle entamé avec l'arrivée de Daniel Craig (le 6ème acteur à interpréter James Bond), qui correspond, selon moi à une cassure nette avec le genre vieillissant et moribond de la licence 007.
Avant Casino Royale (qui est le premier film du nouveau cycle avec Daniel Craig), je voyais les films de James Bond plus comme une sorte d'hommage nostalgique à l'époque de la guerre froide. Le schéma classique du bloc de l'est affrontant celui de l'ouest était, même avec les films interprétés par Pierce Brosnan, la trame narrative classique de tous ces opus. Jusqu'alors Bond représentait un agent secret dans ce qu'il a de plus "classe" : belles voitures, beaux costumes, un dragueur hors pair, toujours avec un verre de Martini-vodka (mélangé au shaker, pas à la cuillère), se débarrassant de ses ennemis avec un coup de révolver, sans effusion de sang.
L'image de Bond était donc presque celle d'un super héros, symbole ultra-machiste d'un homme, un vrai, riche, fort séduisant et intelligent qui sauve la monde.
Le problème avec cette image c'est qu'elle a réellement fait son temps. Déjà la scission est-ouest n'existe plus, ensuite le schéma machiste véhiculé par Bond est réellement devenu cliché voire kitch. Même si j'ai toujours autant de plaisir à regarder les anciens 007 (ça dépend, il y en a aussi de très mauvais), j'avoue que ce type de scénarios devient, à force, lassant.
Par ailleurs, l'arrivée de licences concurrentes, nettement plus "fraiches", telles que la trilogie Jason Bourne (la mémoire dans la peau, la mort dans la peau, la vengeance dans la peau) ont réellement mis James Bond au placard, dans la catégorie "antiquités à dépoussiérer de temps à autre".
C'est alors que sort, en 2006, Casino Royale, premier volet du cycle Daniel Craig, qui casse littéralement les codes de l'agent 007 et ce pour plusieurs raisons.
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11
juil.
2012
Les anciens étudiants en art le savent sûrement, mais le ministère de la culture a mandaté un organisme privé
pour réaliser un sondage auprès des anciens étudiants en art ayant
obtenu leur diplôme. Cet étude est réalisée tous les ans (ou tous les
deux ans) et a pour but de pouvoir donner des chiffres sur l'insertion
professionnelle des jeunes diplômés.
Cela pourrait être une bonne idée, si seulement les chiffres récoltés
n'étaient pas arrangés (je ne dis pas modifiés, juste présentés sous un
bon angle) afin de faire briller les apparences et présenter une belle façade de ce qu'est un cursus d'études artistiques.
Vu que je ne répond jamais à ces enquêtes (que je trouve bidon), je reçois régulièrement ce genre de courriers :
Ceci est une relance à destination des diplômés
n’ayant pas répondu à l’enquête. Merci infiniment d’y prêter attention
et de répondre au questionnaire.
Bonjour,
Le Département des écoles supérieures d'art et de la recherche de la
Direction générale de la création artistique du Ministère de la Culture
souhaite connaître les parcours des étudiants issus du réseau des écoles
supérieures d'art dont elle assure le contrôle pédagogique après
l’obtention de leur DNAP ou DNAT.
Pour ce faire, la DGCA a confié au cabinet XXXX Conseil la réalisation
d'une étude sur un échantillon de 14 établissements à l'échelle du
territoire national, portant sur les conditions de la poursuite de
parcours académiques au sein ou hors des écoles d'art et de l'insertion
professionnelle des étudiants titulaires du DNAP ou du DNAT diplômés en
2009 ou 2010.
Nous vous contactons afin de vous demander de participer à cette enquête
en renseignant le questionnaire auquel vous aurez accès en vous
connectant
sur le site Internet dédié
http://www.lenomdusite/lenquete.html
Nous vous remercions par avance de votre participation et de l'intérêt
que vous porterez à cette enquête dont les réponses seront traitées de
façon tout à fait anonyme, conformément à la déontologie en vigueur.
Cordialement,
Y. L.
Sociologue
Consultant
Un peu agacé par ces nombreuses relances, je me suis décidé à leur répondre :
Bonjour,
comme vous le signalez je n'ai pas répondu au précédent questionnaire, malgré les nombreuses relances que vous avez émises.
Je ne le ferai pas.
Ce
questionnaire, ou plutôt ce qui en est fait, participe selon moi à un
vaste programme de désinformation. Les chiffres qui sont émis, je les
connais, je les cite aux parents lors des forums d'orientation :
"plus de 80% des étudiants qui ont obtenu un DNSEP ont trouvé un travail en moins de 2 ans dans le secteur culturel au sens large".
Quelle
blague ! Je suis graphiste freelance (affilié à la maison des
artistes), ce qui me vaudrait de faire partie de ces fameux 80%. J'ai
des amis qui ont trouvé des petits boulots de 8h par semaine pour donner
des cours d'art plastique aux enfants, eux aussi y rentreront.
Sous ces beaux chiffres se cache une autre réalité. Graphiste
freelance est un boulot alimentaire, qui permet à peine de payer le
loyer. Les petits "plans" que les anciens étudiants se trouvent sont
juste des appoints, le reste du temps, ils bossent en tant que livreurs
de pizzas ou autres jobs.
Quand on parle du cursus professionnel qui suit après 5 ans d'études en art, il ne faut pas citer de chiffres !
Les
chiffres on peut leur faire dire ce que l'on veut, selon la manière
dont on les présente. Ce n'est donc qu'un pur mensonge. Dans ma
promotion, sur 16 diplômés, seuls 2 ont véritablement trouvé un travail
en CDI qui leur permet d'envisager une carrière professionnelle. Et ces
deux anciens étudiants ont du coup abandonné toute production artistique.
La formation en école d'art est une formation non professionnalisante, point.
Les
écoles d'art forment des artistes avant tout. Une école d'art apporte à
un étudiant une réflexion personnelle et plastique, lui permettant de
réaliser une création plastique individuelle, unique et de qualité.
Cette formation peut servir dans d'autres professions, mais ne propose
pas et ne proposera jamais de débouchés directs.
Car ce que ces chiffres ne disent pas c'est qu'être artiste c'est un
métier. C'est un métier dont on ne vit pas (ou très mal) et qui
implique de s'engager dans des solutions alternatives pour pouvoir
survivre. Soit en complétant par un travail alimentaire à mi-temps, soit
en mettant de côté toute idée de luxe ou d'achats superficiels.
Alors oui, ce que je dis ne rassure pas les mamans lors des forums
d'orientation. Ce que je dis ne fait pas briller les belles directives
du ministère de la culture qui veut une formation avec des débouchés
(encore une preuve évidente de la méconnaissance du législateur à notre
égard). Mais ce que je dis est la réalité.
Alors non, je ne répondrai pas à votre questionnaire. Car il ne propose ni les bonnes questions ni les bonnes réponses.
En vous souhaitant une agréable journée !
--
Thomas
A ce jour, j'attends toujours une réponse à mon mail...
3
avr.
2012
Préambule :
Pour ceux qui ne la savent pas encore (mais j'en doute) le Comic Sans MS est une typographie réalisée par Vincent Connare en 1995 pour Microsoft (d'où le MS à la fin). Très largement contestée dans le milieu du graphisme (idéal pour se discréditer définitivement en tant que graphiste) elle est encore très populaire dans le milieu des kikoolol ou des employés de mairie, et pour cause, c'est une des rares typographies distribuées par défaut avec un ordinateur. En gros cette typo ressemble à ça :
Cette typographie est hideuse
Pourquoi est-elle aussi détestée? Pour plusieurs raisons:
- Elle ne correspond pas aux règles de typographie de base : pas de variante de graisse, pas de variante en italique, pas de table d'approche (si, vous savez, les différences quand certains caractères se retrouvent côte à côte)
- Elle n'a pas été conçue pour être utilisée pour des blocs de textes, mais pour simuler une écriture manuscrite dans les bulles des BD (d'où le nom "comic")
- Elle a été beaucoup trop utilisée par le grand public avec des mariages de couleurs peu subtils (qui n'a pas utilisé cette police pour inviter ses copains à un goûter d'anniversaire quand il avait 8 ans?), ce qui l'a rendue très rapidement kitch et apparentée à un usage peu professionnel
Une petite comparaison avec d'autres typos beaucoup plus sérieuses :

Déformation professionnelle...
Étant quelque peu sensibilisé à la rigueur graphique, mon œil déformé ne peut s'empêcher de se focaliser sur une erreur de mise en page, un problème de césure, une police d'écriture du plus mauvais goût, etc... Ceux qui me connaissent au quotidien savent de quoi je parle : je passe mon temps à faire la chasse au comic sans.
Prenons par exemple un site web, choisi par mes soins pour ses qualités graphiques indéniables :

J'ai bien-sûr flouté le titre et l'url afin que personne ne puisse reconnaître le site en question. Si certains d'entre vous croient reconnaître ce site, c'est évidemment une pure coïncidence, tout au plus une libre inspiration de ma part.
Passons donc à une analyse approfondie de ce merveilleux design. Chez moi on appelle ça une mise en page pop-corn ou encore une mise en page carnaval. Véritable festival de couleurs et de typographies, plus disgracieuses les unes que les autres, cette page noie le regard sous un flux d'informations, à tel point que le visiteur lambda ne sait pas où se retrouver.
Analysons maintenant un peu cette page, telle que je la vois :

Puisqu'il s'agit d'un site web il est facile de séparer les différents éléments en blocs contenant différentes informations. Je reconnais donc un schéma assez classique : le header (haut de page) contenant titre, menu et différentes informations de connexion, en dessous le corps du site contenant tous les blocs moches, puis le pied de page (non visible sur l'image) avec différentes informations sur la navigation et le copyright. Autant dire qu'avec une structure aussi classique je ne suis pas aussi perdu que ça. Mais en vérité, sur ce site, je ne vois pas les choses comme ça, je les vois plutôt ainsi :

Et oui, même en tout petit par rapport aux autres éléments, je repère le Comic Sans à plusieurs pixels à la ronde.
Mais qu'est-ce que cela veut dire ? Et bien c'est très simple : la publicité qui contient cette affreuse typo est la seule et unique chose que j'ai repéré (du moins au premier coup d’œil), faisant d'elle l'annonce la plus percutante de cette page. Le graphiste qui a conçu ce bandeau a tout compris, puisqu'il a réussi à accrocher mon regard malgré l'importante concurrence visuelle à laquelle il a du faire face.
En conclusion :
Pour les graphistes, le Comic Sans MS est une typo d'avenir puisque c'est celle qu'ils repèrent en premier !
J'en déduis donc que le choix de cette typographie est sans doute le choix le plus judicieux si le public visé est composé en grande majorité de graphistes. Leur déformation professionnelle, à laquelle ils ne peuvent plus rien (et oui, c'est trop tard pour eux), va immédiatement les conduire à porter leur regard sur les zones contenant cette typo.
Pour terminer voilà quelques démonstrations en exemple :

11
janv.
2012
Depuis le temps que je voulais le faire, j'ai enfin trouvé le temps (et le courage) de faire une liste des films coups de cœur année par année. En guise de bonus j'ai aussi mis les films que j'ai vraiment détestés. C'est une liste non exhaustive, d'abord parce que je n'ai pas vu tous les films sortis chaque année (ça on s'en doute) mais surtout parce que je n'ai pas mis les films que je trouvais moyens ou sans intérêt.
2011 :
Le film coup de cœur : Melancholia
J'ai aimé
127 Heures
Dany Boyle
93, la belle rebelle
Jean-Pierre Thorn
Melancholia
Lars Von Trier
Drive
Nicolas Winding Refn
Source Code
Duncan Jones
La Piel Que Habito
Pedro Almodovar
The Artist
Michel Hazanavicius
J'ai trouvé très mauvais :
- Black Swan - Darren Aronowski - Déjà vu et ennuyant
- Sucker Punch - Zack Snyder - Du Zack Snyder...
- The Tree of Life - Terrence Mallick - Du vrai-faux mystique sur fond de pub Areva
- Transformers 3 - Michael Bay - Et 1 et 2 et 3... zéro
- Super 8 - J.J Abrams - De l’esbroufe et du déjà vu
- Paranormal Activity 3 - Henry Joost, Ariel Schulman - Même critique que transformers 3
2010 :
Le film coup de cœur : L'illusionniste
J'ai aimé
Bright Star
Jane Campion
Le bruit des glaçons
Bertrand Blier
Des hommes et des dieux
Xavier Beauvois
Mammuth
Kervern et Delépine
L'illusionniste
Sylvain Chomet
Machete
Robert Rodriguez
Outrage
Takeshi Kitano
Film socialisme
Jean-Luc Godard
Splice
Vincenzo Natali
Tournée
Mathieu Amalric
J'ai trouvé très mauvais :
- La Rafle - Rose Bosch - Ou comment tricher avec les vrais drames pour faire des entrées
- Alice au pays des merveilles - Tim Burton - Actrice insipide et film ennuyant
- Iron Man 2 - Jon Favreau - Très décevant par rapport au 1er
- Inception - Christopher Nolan - DE-ception
- The Social Network - David Fincher - Un film sans vagues pour redorer (un peu) le blason de Mr Facebook
2009 :
Le film coup de cœur : Discrict 9
J'ai aimé
Tokyo Sonata
Kyoshi Kurosawa
The Wrestler
Darren Aronowski
Là haut
Pete Docter
Le ruban blanc
Michael Haneke
OSS-117
Michel Hazanavicius
Démineurs
Katheryn Bigelow
Un prophète
Jacques Audiard
District 9
Neil Blomkamp
Gran Torino
Clint Eastwood
La vague
Dennis Gansel
Mary & Max
Adam Elliot
Morse
Thomas Alferson
Public Enemies
Michael Man
The Limits Of Control
Jim Jarmush
Very Bad Trip
Todd Phillips
J'ai trouvé très mauvais :
- Watchmen - Zack Snyder - Sans commentaire...
- Dragonball Evolution - James Wong - Haha, c'était une blague non?
- Transformers la revanche - Michael Bay - Un des meilleurs films de Michael Bay...
- Inglourious Basterds - Quentin Tarentino - Grosse déception
- Thirst - Park Chan Wook - Zut, sa filmographie était un sans faute jusque-là
- 2012 - Rolland Emmerich - On en reparle en 2013
- L'Imaginarium du docteur Parnassus - Terry Gilliam - Bof, c'est quoi le but là ?
- Le vilain - Albert Dupontel - Ouille, c'est mauvais...
- Paranormal Activity - Oren Peli - Je donne 10€ à celui qui s'endort pas devant
- La route - John Hillcoat - Très bonne idée... malheureusement gâchée
- Avatar - James Cameron - Tout le monde l'a vu, pas besoin de me justifier
- Rec² - Jaume Balaguero - Du sous-sous-sous Blair Witch
2008 :
Le film coup de cœur : Speed Racer
J'ai aimé
Rumba
Dominique Abel
Le bon, la brute et le cinglé
Kim Jee Woon
JCVD
Mabrouk El Mechri
Speed Racer
Andy et Larry Wachowski
Valse avec Bachir
Ari Folman
Into The Wild
Sean Penn
Iron Man
John Favreau
Tonnerre sous les tropiques
Ben Stiller
Bons Baisers de Bruges
Martin McDonagh
Cloverfield
Matt Reeves
Deux Jours à tuer
Jean Becker
Gomorra
Matteo Garrone
Hunger
Steeve McQueen
No country for old men
Joël et Ethan Coen
Séraphine
Martin Provost
Rock'n'Rolla
Guy Richie
The Mist
Franck Darabon
Tokyo!
Leos Carax, Bong Joon-ho, Michel Gondry
The Dark Knight
Christopher Nolan
J'ai trouvé très mauvais :
- Sweeney Todd - Tim Burton - Pitié, pas une chanson, noooooooon !
- Soyez sympas, rembobinez - Michel Gondry
- MR 73 - Olivier Marchal - Et surtout n'oubliez pas de voter FN après avoir vu le film
- Indiana Jones 4 - Steven Spielberg - C'était quoi ça ?
- Phénomènes - M. Night Shyamalan - Il a déjà fait un bon film lui ?
- Diairy of the dead - Georges A Romero - C'était tellement mieux "zombies"
- Babylon AD - Mathieu Kassowich - Kassovitch est parti pendant le tournage... ça en dit long
- Le jour où la terre s'arrêta - Scott Derrickson - Mauvais remake
- Burn after reading - Jeël et Ethan Coen - Quelqu'un a ri ?
2007 :
Le film coup de cœur : Sunshine
J'ai aimé
Rétribution
Kyoshi Kurosawa
4 mois, 3 semaines, 2 jours
Cristian Mungiu
Contre enquête
Franck Mancuso
Paranoid Park
Gus Van Sant
Lettres d'Iwo Jima
Clint Eastwood
Sunshine
Dany Boyle
Joyeuses Funérailles
Franck Oz
Shoot'em up
Michael davis
Je suis un cyborg
Park Chan Wook
Le fils de l'épicier
Eric Guirado
Planète terreur
Robert Rodriguez
Amer Béton
Michael Arias
Eden Log
Franck Vestiel
Le dernier roi d’Écosse
Kevin Macdonald
Persépolis
Marjane Satrapi
J'ai trouvé très mauvais :
- Apocalypto - Mel Gibson - Gibson en plein trip aux extas
- L'Illusionniste- Neil Burger - Très très mauvais
- Inland Empire - David Lynch - Long...
- 300 - Zack Snyder - Subtil et harmonieux
- Les Contes de Terremer - Goro Miyazaki - Pas bon le fils à papa
- Spider man 3 - Sam raimi - Vive l'amérique
- Boulevard de la mort - Quentin Tarentino - bof bof
- Transformers - Michael Bay en force
- 28 Semaines plus tard - Bouh que c'est mauvais
- Je suis une légende - Une très très mauvaise adaptation
28
déc.
2011
Les fêtes de fin d'année rimant avec réunion de famille, et ma voiture ne m'inspirant plus trop confiance
(surtout depuis qu'elle s'est mise à imiter les avions lors du défilé du 14 juillet), j'ai été obligé de trouver
un moyen de transport alternatif pour me rendre dans le sud : le train (vous savez les vieux corails qu'on a repeint en
violet pour faire croire qu'ils sont neufs).
On m'a souvent demandé pourquoi je détestais prendre le train. Après tout on peut dormir, lire, travailler et ce, dans
un confort presque acceptable. C'est justement sur ce presque que j'aimerai insister. En dehors du fait que les horaires
et les conditions de voyage avec la SNCF soient en lien direct avec la théorie du chaos, il y a surtout une chose que je cherche
à éviter à tout prix lorsque je prend le train : les tranches de vie.
Voilà celle que j'ai en face de moi actuellement (je suis dans le train à l'heure où j'écris ces lignes):
A première vue, elle ne m'a pas paru étrange, du moins pas de visu. C'est une femme assez âgée (70 ans peut-être) qui s'habille et se coiffe
comme l'on pourrait s'y attendre d'une personne de cette génération. Je n'ai donc pas prêté attention à elle lorsque j'ai rangé mes bagages
et que je me suis assis en face plongeant ma tête dans mon bouquin.
C'est une fois encore le son qui a scellé ma rencontre
avec cette tranche de vie.
- Hyperventilation -
C'est le premier mot qui m'est apparu à l'esprit et qui m'a fait lever les yeux de mon livre.
Une respiration forte, tremblante, gémissante, très rapide, parfois saccadée, souvent coupée par une rapide déglutition ou par un long souffle.
C'était elle, visiblement à la recherche de quelque chose. Elle ne tenait pas en place, s'accrochait régulièrement à la table, levait la tête pour
regarder par dessus les banquettes et changeait constamment de position. Je crois n'avoir jamais vu quelqu'un d'aussi stressé, ou du moins qui l'exprimait
avec autant de bruit. J'avais l'impression que son monde s'était effondré et qu'elle mélangeait anxiété, peur, perte et impatience.
Le stress étant communicatif j'ai essayé de ne pas entendre et de replonger dans ma lecture. J'ai du lire deux mots avant de violemment sursauter :
« Oooooh, mais qu'est-ce qu'il fait là hein, il est oùùùùùù ? »
Je pense n'avoir pas été le seul à avoir eu cette réaction vu que presque tous les occupants du wagon se sont immédiatement tournés vers elle (hormis
mon voisin de gauche qui semblait plongé dans un sommeil proche du coma). Visiblement elle ne pouvais plus se contenir, c'était plus fort qu'elle, il
fallait que ça sorte.
Bassement abandonné par mon voisin de gauche (trop occupé à roupiller) et vivement soutenu par une vingtaine de regards accusateurs (ouh, le vilain,
il n'aide pas cette pauvre femme en difficulté), je me suis retrouvé tout seul à devoir m'occuper du problème.
Après une discussion tout droit sortie d'un livre de Ionesco (je me suis rapidement rendu compte que la femme était à moitié sourde vu qu'elle
répondait n'importe quoi à mes questions la plupart du temps), j'ai fini par comprendre que son mari était parti vérifier les bagages et qu'il n'était toujours
pas revenu.
Ne connaissant pas, de mémoire, de cas de disparitions de gens dans un train depuis 1920,
je tente de rassurer la femme en lui disant que son mari va revenir, qu'il ne faut pas qu'elle s'inquiète.
En vain.
La crise de panique a continué encore durant plusieurs minutes, jusqu'à ce qu'un grand « Aaaaaah, le voilààààà !!!! » n'y mette fin (le mari ayant refait surface).
L'objet de la peur ayant disparu (le mari étant réapparu) et l'hyperventilation cessant peu à peu, j'ai pu souffler un grand coup, me disant que je pourrai enfin finir mon livre tranquille.
...
« Les bagages sont introuvables ! »
Cette phrase, déclarée par le mari, s'est avérée lourde de conséquences :
D'une part, elle a presque immédiatement replongé la femme dans son anxiété démesurée, relançant le cycle hyperventilatoire à sa vitesse de croisière, et, d'autre part, elle
a provoqué chez moi un instant d'extrême lucidité : je ne peux rien faire et j'en ai pris pour 4 heures.
Je sens que le voyage va être long !
7
oct.
2011
Je n'apprend rien à personne en disant que Steve Jobs, co-fondateur d'Apple est décédé mercredi dernier (il suffit d'ouvrir ses volets pour voir partout dans la rue la nouvelle de sa mort). Sentant le scoop qui fait vendre, la presse a sauté sur l'occasion pour faire de magnifiques discours et images pour saluer l'homme.
Je n'ai jamais été un grand fan d'Apple (ceux qui me connaissent se rappelleront sans doute ma verbe, ma médisance et mon acharnement à critiquer la pomme), mais je suis forcé de reconnaître certaines qualités dans ces produits. Il est vrai qu'Apple a sorti plusieurs produits phares, que la concurrence s'est empressé de copier et qui sont, aujourd'hui, devenus des outils quotidiens, mais il faut quand même se modérer :
Apple n'a pas inventé le smartphone, ils ont combiné tout ce qui se faisait en matière de technologie mobile et l'ont réuni dans un outil parfaitement fonctionnel (là était la nouveauté)
Apple n'a pas inventé l'OS (bon, là il y a eu plein de précurseurs)
Apple n'a pas inventé la souris (elle a été inventée en 1963 par Douglas Engelbart du Stanford Research Institute)
La marque à la pomme n'a fait qu'apporter, toutes ces années, ses pierres à l'édifice qu'est devenu aujourd'hui le monde du numérique. Apple a su innover pour présenter des produits fonctionnels et "beaux" et a réussi à créer une force de marketing à nulle autre pareille. Car oui, avant tout les produits Apple sont des concepts avant d'être des outils. Il suffit de voir leurs publicités pour en être convaincu :


Campagnes agressives, slogans efficaces, bref, un véritable travail de marketing parfaitement orchestré. En gros, Apple fait de très belles machines et sait les vendre, et c'est tout.
Revenons maintenant à Jobs. Sa mort a suscité bon nombre de réactions dont voilà quelques perles:
"Steve était l'un des plus grands inventeurs américains, assez courageux
pour penser différemment, assez audacieux pour croire qu'il pouvait
changer le monde et assez talentueux pour le faire" B. Obama
"les 3 pommes de l’histoire: pomme d’adam, pomme de newton, pomme de steve" Un (ou plusieurs) internaute(s)
"Ce soir l'Amérique a perdu un génie dont on se souviendra comme d'Edison et d'Einstein [...]" Michael Bloomberg
Voilà justement l'objet de mon irritation. Non, Jobs n'est pas un homme qui a révolutionné le monde, il a juste vendu des ordinateurs (et des gadgets). Je me demande pourquoi, les médias, et les gens par extension, se sentent obligés d'exagérer de manière disproportionnée l'impact de cet homme sur le monde. C'était un patron d'une des plus importantes multinationale américaine, visionnaire certes, mais pour sa propre entreprise. Comment peut-on comparer, ne serait-ce qu'une seule seconde Jobs avec Einstein ? Einstein est l'homme qui a révolutionné la pensée de la science moderne avec sa théorie de la relativité, Jobs, lui, n'a fait que présenter de nouveaux objets de consommation et sachant créer un effet de besoin chez le consommateur. Et c'est extrêmement différent !
Ce n'est même pas lui qui a créé l'iPhone, l'iPad, l'iMac, il n'a fait que réunir et diriger des techniciens très talentueux pour fabriquer ces produits. Alors pourquoi lui attribuer ce mérite?
Il y a encore quelques années, on qualifiait de génie qui change le monde des hommes comme Gandhi, Luther King, des hommes qui ont payé de leur vie la volonté de faire avancer l'humanité. On qualifiait aussi en ce sens des inventeurs ou des scientifiques porteurs d'une pensée révolutionnaire qui a eu un impact notoire sur notre manière d'appréhender le monde : Einstein, Edison, Galilée, les Curie, etc... Pour les artistes c'est exactement la même chose, Duchamp à bouleversé notre rapport à l'exposition (ok, c'est réducteur), Picasso notre vision de la représentation en art, Robert Capa notre manière d'appréhender le monde qui nous entoure, etc...
Alors pourquoi, à notre époque, n'encensons nous plus les prix Nobel de Physique, de Mathématiques, et autres ? Connaît-on seulement leurs noms ? Notre société préfère élever au rang de Dieu un dirigeant d'entreprise, sorte de gourou de la technologie devant lequel tout le monde devrait se prosterner. Qu'est devenu notre vision du monde ? Où sont les penseurs, où sont les utopistes, où sont ceux qui veulent apporter quelque chose à notre société sans y étiqueter 99$ ? Car oui, Jobs nous a vendu des produits, il n'a rien donné et c'est très différent.
Alors oui, pour conclure, je déplore la mort de l'homme qui se battait depuis 2004 contre un cancer. Non, je ne considère pas son décès comme une perte pour l'humanité toute entière, c'est une perte humaine et c'est déjà pas mal !
13
août
2011
Je suis allé voir jeudi dernier Melancholia de LVT, ce film fait partie des meilleurs que j'ai pu voir cette année.
Au début le film commence un peu comme Tree Of Life (un film qui prétend
montrer la beauté du monde sur fond d'écran Apple), j'avoue que j'ai eu
un peu peur. Sauf que Lars Von Trier ce n'est pas Terrence Mallick et qu'il
ne s'embourbe pas dans un discours niaiseux en filmant le soleil dans
les arbres (quoi qu'il s'embourbe avec son discours sur le nazisme, mais c'est pas le propos du film). Les deux films sont assez similaires en apparence, mais leurs intentions divergent.
Tree Of Life propose de belles images pour nous faire croire que le monde est beau (n'est-ce pas un non-sens de montrer un monde esthétisé pour témoigner de sa beauté ?). Mallick nous montre alors une belle pub Areva comme il l'avait déjà fait avec Nouveau Monde (avec de belles phrases "Dieu, tu m'a tendu les bras", ressemblant trait pour trait aux slogans EDF "On vous doit plus que la lumière"). J'ai trouvé ce film moralisateur, peu subtil (balancer Lacrimosa après la mort d'un enfant c'est très très fin...), séduisant et esthétisant, bref extrêmement prétentieux.
Melancolia est à l'opposé une œuvre beaucoup plus noire. D'abord, les "belles" images sont très différentes, puisqu'elles sonnent plus comme des tableaux représentant les derniers moments de vie des personnages que comme une prétendue représentation du monde (d'ailleurs un des tableaux est issu directement du rêve d'un des personnages). Le côté romantique prend alors tout son sens et finit par se diriger, lentement, vers une mélancolie totale (le film est tout autant mélancolique que le personnage principal). Ensuite, le film se contente de témoigner de la fin du monde uniquement à travers 2 personnages (3 avec l'enfant). Melancholia part donc du petit pour aller vers le grand, à l'inverse de Tree Of Life (où le début du film nous dresse une carte de l'infiniment grand à l'infiniment petit en s'étalant sur une période allant de la préhistoire à nos jours, rien que ça!). C'est donc une œuvre qui, bien que traitant d'un sujet aussi lourd que la mélancolie, ne se perd pas dans un récit trop vaste en se concentrant sur l'essentiel : l'acceptation de la fatalité. En bref, un véritable remède pour ceux qui, comme moi, ont du mal à se remettre du film de Mallick.

Si vous n'avez pas vu le film, je vous conseille de vous arrêter là, ça va pas mal spoiler.
L'histoire est volontairement simple : une planète du nom de Melancholia surgit de
derrière le soleil et se dirige vers la terre, signant irrémédiablement
la fin du monde. Pourtant, l'histoire ne se concentre que sur les deux sœurs, Justine
(Kirsten Dunst) et Claire (Charlotte Gainsbourg), aux caractères (et aux
physiques*) fondamentalement opposés : l'une sombre dans une mélancolie totale et accepte la fatalité comme une sorte de délivrance tandis que l'autre se bat contre un sort pourtant inévitable (la séquence où Claire tente de fuir la fin du monde avec une voiturette de Golf est des plus ridicule).
L'analogie entre les deux planètes qui se confrontent et les deux sœurs est d'ailleurs étonnante. La Terre, étonnamment petite face à Melancholia, serait Claire (très maigre) face à Justine (très plantureuse). Le destin des deux sœurs est scellé à l'instar de celui des deux planètes qui vont se heurter. Si je vais plus loin, je pourrai même dire que Claire a tout à perdre (elle a un enfant qu'elle veut protéger à tout prix), comme la Terre qui abrite la vie, alors que Justine, qui vient de massacrer sa carrière et son mariage (on pense d'ailleurs à Festen de Vinterberg pour la séquence du mariage) est comme Melancholia : un corps céleste sans vie (dans sa phase la plus basse Justine ne trouve même plus la force de marcher) qui précipite le monde dans sa propre chute.

Pour mettre un terme à tout espoir, LVT décide, dans une séquence très bien emmenée, de déclarer et de prouver qu'il n'existe pas de vie ailleurs. La collision des deux planètes signe donc l'anéantissement total de la vie dans l'univers. Et Trier décidera justement de terminer son film lors de la collision, comme si la disparition de la vie entrainait logiquement la disparition du film : il n'y a plus rien après.
La fin du film est d'ailleurs sublime : après avoir dressé un beau pied de nez à tous les films de catastrophe hollywoodiens (Claire propose d’assister à la fin du monde avec un verre de vin, très cliché, et se fait remballer par Justine qui lui propose plutôt "d'attendre dans les chiottes") Trier nous dresse une dernière image choc : les personnages, réunis dans une "cabane magique" assistent à l'arrivée fulgurante de l'immense planète qui remplit le ciel. La fragilité et la puérilité de la cabane (c'est l'enfant qui demande à ce qu'on la construise) entre en contraste direct avec cet immense corps qui fonce à une vitesse folle et dont le gigantisme dépasse l'entendement. Cette séquence sonne presque comme l'image même de l'inéluctabilité.
*D'ailleurs c'est moi ou Kirsten Dunst s'est fait refaire les seins ?